En direct des essuyages de plâtre…
Je ne sais pas si je fais bien d’en parler ici, mais c’est le but de ce blog, après tout ? Parler des tentatives, des recherches, même si beaucoup d’entre elles finissent par être infructueuses. 🙏
Je retravaille un nouveau projet. Pont des Arts. Ça peut être marrant d’en narrer les péripéties, comme celles qu’affronte Meï, l’héroïne, pour retrouver sa clé USB, qui aurait été accrochée aux grilles du pont il y a plusieurs années…
Voilà, au départ, j’envisageais une série en épisodes courts, au ton léger, sur une ambiance feelgood. Je trouvais que ce serait adapté au format de Doors (ex. Rocambole), la plateforme de séries à lire. L’été dernier, j’ai écrit assez vite un texte composé de 6 épisodes.
Relativement content de cette version, je souhaitais avancer avec eux. Mais ils ne prenaient plus de nouveaux textes à ce moment. Zut. De toute façon, à bien me relire, ces épisodes courts (trop ?) ne me correspondaient pas tout à fait.
J’étoffe le texte, qui, heureusement, n’a pas encore été soumis (il faut toujours se méfier de l’enthousiasme qui peut parfois suivre la fin d’un premier jet). Le ton me plaît, les personnages aussi, sauf qu’il manque un je-ne-sais-quoi. Deux amies autrices acceptent de le lire et me faire un retour. Leurs avis sont encourageants, mais pointent des faiblesses. Il y a un embryon d’histoire, des idées à creuser, mais les fondations semblent fragiles. Le récit a besoin d’être consolidé. En plus, il reste trop court pour correspondre aux formats usuels des éditeurs « papier ».
Il me faut prendre du recul. Les bêta-lecteurs font toujours gagner un temps précieux, en aidant l’auteur à se mettre à la place du lecteur et à comprendre son ressenti. Mais de là à trouver des solutions, il peut y avoir un délai assez long (surtout en ce qui me concerne).
En parallèle, cet appel à texte pour fiction radio auquel j’ai répondu en 2020 (avec un texte que je n’oserais probablement plus faire relire maintenant) me trotte dans un coin de la tête. J’ai parcouru des articles, écouté des podcasts (dont l’excellent Y’a plus de papier de Hadrien et Mathieu, à destination des aspirants scénaristes), je poursuis mes recherches…
Et si Pont des Arts valait le coup d’être adapté en scénario pour une fiction radio ?
Sauf que…
Au départ, j’écris des romans, pas des scénarios.
J’y connais rien en scénario (ou presque).
J’ai aucun contact, impossible de « réseauter ».
Oui mais…
Ma culture est plus télévisuelle et cinématographique que littéraire.
J’ai bossé mes romans avec des ouvrages techniques sur les scénarios.
Le réseau ? De toute façon, ce n’est pas mon maigre carnet d’adresses dans le secteur de l’édition qui me permet de placer des textes en ce moment… Alors, autant se lancer ?
Bref. En espérant que cette intuition en vaille la peine, je me replonge dans l’épisode de Y’a plus de papier consacré aux fictions radios (écoutez aussi les autres !), et cette fois, je prends des notes. J’écoute l’intégralité de 57 rue de Varennes écrit par François Pérache pour France Culture (c’est super, et je garde une oreille pour essayer d’en apprendre des techniques), je télécharge des scénarios en libre accès sur Lecteurs Anonymes. Ce sont pour la plupart des longs métrages, mais ça permet de voir comment c’est fait, vraiment instructif !
Résultat, je place ces nouvelles pistes toutes fraîches à côté de mes idées de révision du texte.
Je repars de (presque) zéro. Je remets à plat les personnages. Toujours en série, mais pensée pour la radio, sur l’idée d’un format de plusieurs épisodes de 20 min.
Je reprends le texte sous un autre angle. Dans un scénario de fiction radio, le procédé narratif diffère forcément de celui d’un roman. L’un de mes personnages secondaires (le héros) arrivait comme un cheveu sur la soupe, rajouté au dernier moment. J’en profite pour l’étoffer, créer un nouveau personnage (la fille du héros) afin de faire office de narrateur et saupoudrer l’ironie dramatique nécessaire auprès de l’auditeur. Ce côté « je vous mets dans la confidence »… Je me méfie de choisir l’héroïne (qui est le protagoniste) comme narratrice. On risquerait d’être trop proche d’un livre audio ?
Il faut penser les séquences différemment des scènes d’un roman. Les descriptions « statiques » deviennent impossibles, il faut des sons signifiants, que ça paraisse naturel…
Sans compter les usages du formatage que je dois appréhender. Là, le vivier de Lecteurs Anonymes m’aide grandement. C’est une gymnastique qui n’a rien à voir avec celle d’un récit « classique ». Hors de question de faire de longues descriptions en narration, les dialogues et la voix off doivent distiller l’essentiel des infos. Je me relis à voix haute (je déteste ça), j’enregistre pour estimer une durée… Les didascalies sont là pour mieux m’y retrouver et placer les repères dans le texte, et je m’efforce de les écrire les plus simples possibles. Si un jour ce texte était pris, ce n’est pas ma partie, mais celle de l’éventuel réalisateur.
Aucune idée de ce que ça va donner en bout de ligne, mais une chose est sûre : j’apprends des trucs, j’expérimente. J’en suis déjà à deux épisodes d’écrits sur 6 de prévus, on verra pour la suite ! 🤞